29/12/2010

La vie des autres, on s'en fout !


(Avis aux lecteurs sensibles, cette chronique est pleine de fureur et de paroles plutôt dures… Mais votre écriveuse va beaucoup mieux depuis. Pas de panique !)
La vie des autres : on s’en fout… Voilà en substance ce que vous pensez lorsque vous vous séparez après une longue vie de couple. C’est incroyable de voir à quel point votre nombril devient une attraction tellement passionnante. Tout tourne autour. Mais alors celui des autres … il existe ? NOooon les autres n’ont pas de nombril.
Pendant les premiers mois de séparation, il vaut mieux éviter de vous poser la question fatidique : « Tu vas bien ? ». Toute personne tentant cette approche avec vous s’expose à un piège d’une redoutable efficacité. « Ha une petite oreille prête à m’écouter ! ». Et là commence à se déverser un exécrable flot de paroles en cascade, à la limite de l’entendement humain. Voici à peu de choses près ce que votre interlocuteur est capable de retenir de votre monologue : « Non ben alors, tu vois, moi je… , moi et mon nombril…, mon nombril et moi, blahblahblah moi moi moi, et puis moi encore et moi et … surtout moi, MOI, MOI. ». Vous prenez à peine le temps de reprendre votre respiration. En substance, c’est une longue tirade sur votre quotidien qui part en vrille, sur les hommes qui sont tous des ordures ambulantes, sur l’injustice de voir ces pétasses avec des mecs trop bien qui ne vous choisissent jamais. Bien souvent, la personne face à vous fait preuve d’un courage hallucinant et vous écoute patiemment. Plus tard vous serez admirative… et tenterez de faire la même chose, mais ce temps béni n’est pas encore prêt à montrer son petit bout de nez.
Votre dernière crise de larmes, que vous n’avez pas voulu réprimer, sert de prétexte à de nouveaux épanchements : « parce que tu comprends, c’est libérateur… ». Et puis au moins on voit votre souffrance. Vos yeux bouffis et votre nez qui coule sont une bonne preuve que vous allez mal. Il faut que tout le monde le sache. On vous prendrait pour une divine comédienne si vous participiez à un casting…
Les problèmes des autres ne vous atteignent pas. Vous ne voulez même pas en entendre parler. Vous devenez tout bonnement un monstre d’égoïsme et de froideur polaire. Pire, le bonheur des autres vous emmerde, vous met trop souvent en colère. La question banale « Tu vas bien ? », qui sert juste à entretenir un semblant de relation sociale ne sort jamais de votre bouche. Après tout à quoi cela vous servirait-il d’être sympathique et attentionnée envers les autres ? Le monde vous paraît simplement rempli de vampires qui ne cherchent qu’à bouffer votre énergie et qui ne voient pas la fissure qui s’est creusée en vous.
Dans ces moments-là, il est fortement déconseillé de vous inviter à un mariage. Ce n’est pas de la jalousie c’est simplement que vous ressentez le besoin de tout foutre en l’air. Le dîner se transforme en un champ de bataille où vous persiflez, où le maniement du sarcasme devient l’arme la plus redoutable, faisant l’effet de mines-antipersonnel jetées à la tête des convives. Ils essaient de tempérer vos propos, mais le mur érigé entre eux et vous fait office d’une protection indestructible. Vous devenez légèrement imbuvable voire indésirable.
Ne parlons même pas de la femme enceinte qui se rapproche de la figure du Léviathan prêt à vous dévorer avec son bonheur incommensurable. Et si en plus elle pousse le bouchon à se plaindre de quelque fatigue que ce soit ou de nausées peu sympathiques, vous entrez dans une fureur qui vous donne envie de lui hurler à la gueule « Hé ma vieille, tu l’as voulu ? Alors t’assumes, et tu nous prends pas la tête avec ton fœtus ! ». Heureusement, la civilisation judéo-chrétienne dans laquelle vous avez évolué vous permet d’éviter ces débordements de rage. Mais vous les confiez tout de même à vos meilleures amies qui doivent prendre sur elles toute cette énergie dévastatrice. Vous les honorerez plus tard, réalisant à quel point vous avez été odieuse. Pour les soirées avec des « p’tits couples », se référer à la chanson d’Anaïs : comme elle, ils vous donnent la gerbe.
Alors forcément, pendant un temps ça limite vos sorties… Vous vous enfermez sur vous-même et vous réfléchissez. Et un jour vous émergez. Et là le monde s’éclaire, vous réalisez que la colère ne sert plus à rien. Vous en venez même à vous demander si elle était vraiment nécessaire. La tempérance fait place à la douleur et vous êtes fin prête à écouter les autres et à les aider. Une nouvelle vie commence pour vous et les épreuves vous paraissent alors bien plus aisées à franchir. La vie devient une série de vagues et vous apprenez à surfer avec elles. Vous maîtrisez bien mieux les événements et devenez sereine. Bon, sans devenir Mère Teresa non plus, faut pas dépasser les bornes des limites tout de même !
Allez, que la vie vous soit douce !

1 commentaire:

  1. C'est dur mais c'est vrai. Je ne l'ai pas vécu pour les mêmes raisons mais lorsque l'on n'est pas bien le bonheur des autres irrite. Je suis totalement solidaire à cette chronique.
    Bisous Titane.
    Je t'adore.
    Drinou

    RépondreSupprimer