12/09/2011

Avez-vous déjà rêvé … ?

Vous êtes-vous déjà réveillé(e) en pensant que vous étiez bon(ne) à enfermer ? Cette impression malsaine que le rêve que vous venez de faire mériterait cinquante ans de psychanalyse, tellement il concentre en lui toute la nocivité de la vie ? La perversion dont il faisait montre vous dégoûte profondément et pourtant vous avez le sourire. Le sourire ? Non mais ça va pas bien la tête ! Vous avez trucidé l’ensemble de votre famille en utilisant des outils que même les plus grands psychopathes n’ont jamais utilisés. Vous avez torturé des enfants faisant de Lautréamont et de son Maldoror des fillettes à peine capables de couper les cheveux de leur poupée Barbie. La sexualité s’est transformée en une perversion qui ferait pâlir le diable lui-même et face à laquelle Sade est un nouveau-né découvrant qu’il a un tout petit zizi. Et tout ça dans un seul rêve ! Et vous souriez !
               
Et bien c’est un fait, vous souriez parce que vous avez enfin évacué les tensions qui vous martelaient les neurones. La catharsis s’est mise en route. Au réveil, vous avez chaud, vous avez transpiré (oui ça donne chaud de tabasser une pauvre vieille dame à coups de dictionnaire en lui criant que c’est une pauvre conne et qu’elle va comprendre la vie avec ce condensé de connaissances…). Vous regardez vos mains. Elles sont étonnamment nickels. Pas l’once d’une tache de sang. Votre amoureux dort paisiblement à vos côtés. Tout va bien. En vous rendormant, vous vous dites qu’il y a peut-être des points de votre vie sur lesquels il s’agirait de vous pencher plus sérieusement.
Pourquoi une telle violence s’exerce-t-elle aussi puissamment la nuit ? Il suffirait évidemment de se pencher sur la psychanalyse des rêves du sieur Freud, mais, pfff, c’est trop long. Et on ne sait jamais, si ça se trouve, il a tout faux et a engendré des complexes débiles qui influencent toutes nos réactions. Bien-sûr il semble évident que vous ne pouvez pas décemment exprimer cette rage devant tout le monde. Imaginez-vous face à vos collègues, lors du déjeuner, expliquant que, l’autre jour, vous avez eu envie d’enfoncer un pal de 10 mètres de long dans le derrière de votre patron parce qu’il ne vous avait pas dit merci. Il y a des chances pour qu’ils vous regardent bizarrement. Vous serez d’accord, ça ne se fait pas.
De même que vous éviterez de frapper à coups de talons aiguilles une femme enceinte parce que vous lui avez laissé, par dépit, la place dans le bus. Et que merde, vous aussi vous portez votre fardeau psychologique, alors qu’elle assume. Là non plus, ça ne se fait pas.
On ne vous autorisera pas non plus à violer un enfant avec les gods les plus monstrueux. Nan, ça ne se fait toujours pas. D’ailleurs évitez de le raconter en public, vous risquez de devenir une pestiférée, voire l’ennemi public numéro un.
Et de quoi vous plaignez-vous finalement ? Ok, vous ne dormez pas bien, vous vous réveillez, ça engendre de sacrées insomnies. Et pourtant. C’est pas génial de pouvoir ressentir toutes les sensations de la violence absolue expulsée à travers une réalité parallèle ? Vous avez enfin la possibilité de libérer toutes les pulsions interdites et proscrites (oui, déchiqueter au cure-dent un petit chaton vivant en chantant la chanson des Aristochats devant de jeunes enfants innocents et purs, ça ne se fait vraiment pas non plus). Enfin, vous pouvez coucher avec qui vous le souhaitez et surtout comme vous le voulez ; vous avez le droit de faire tomber les têtes de tous les connards qui vous pompent la vie. La vengeance n’a de limites que celles imposées par votre imagination. Et on le sait, parfois, l’imaginaire est sans fin.
Alors, ne craignez pas vos rêves. Évitez seulement de les raconter, sinon, vous risqueriez de voir rapidement débarquer des hommes en blanc costauds porteurs de jolies liquettes blanches à manches très longues… Sur ce, bonne nuit.

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