27/09/2011

Ca vous chatouille ou bien ça vous casse les c...?


« Bonjour docteur. » Attention cher lecteur, (voix feutrée et discrète genre la Chaîne parlementaire quand les commentateurs essaient de raconter ce qu’il s’y passe… Ca semble toujours solennel, en réalité, ils chuchotent pour ne pas réveiller les députés). Attention, donc, cher lecteur, l’intro de cette chronique risque de vous impressionner.
                « Docteur, voilà. Je dois vous l’annoncer, j’ai un cancer du petit orteil gauche, provoqué par un choc au cours de ma période fœtale. Les résultats de mes recherches sont formels.  Voici, les documents. Je l’ai su tout de suite, dès les premiers symptômes. Oui un orteil qui montre des signes de carences en vitamine B, qui se décalcifie… On n’y échappe pas. Je vous demande donc de me prescrire une chimio, associée à une thérapie douce par les plantes, le pissenlit et le millepertuis me sembleront parfaits. Je vous demande de m’envoyer à la clinique du Patient Fin Limier. C’est là qu’ils ont les meilleurs résultats. »
                Non, ce n’est pas de la fiction, mais de la science pas trop fiction futuriste. C’est ce qui risque de vous arriver un jour si la médecine continue dans le chemin chaotique qu’elle emprunte actuellement. D’accord ne mettons pas tous les médecins dans le même panier, mais il faut bien reconnaître que parfois il y a de quoi s’arracher les cheveux de la tête, voire de se scalper un bon coup. Si en effet, vous n’arrivez pas chez votre docteur en lui disant très clairement ce que vous avez, vous pouvez avoir des chances de finir handicapé à vie ! Au moins ! De même, n’ayez pas l’outrecuidance de penser qu’un médecin va soulager en urgence une douleur atroce. M’enfin, faut pas exagérer, non ! Pour preuve l’expérience qui suit.

                Expérience n°1 : vous souffrez d’une rage de dents qui ne vous laisse aucun répit. A tout prendre, vous préféreriez les instruments de torture moyenâgeux de votre dentiste, parce qu’au moins, là, vous sauriez pourquoi vous souffrez le martyre. Malheureusement, c’est un dimanche soir et les dentistes dorment déjà sur leurs deux oreilles en pensant à la jouissance qu’ils vont ressentir le lendemain en triturant des chairs enflammées. Vous appelez donc les urgences… qui vous renvoient aux urgences dentaires à Paris. L’attente est impossible, il faut se résoudre à prendre le RER direction la Pitié Salpêtrière.
                Arrivée à destination, vous vous êtes tapé la tête contre les murs une bonne trentaine de fois, quitte à finir avec une commotion cérébrale. L’attente n’est pas trop longue, oui, oui chers lecteurs, vous avez bien lu, pas trop longue du tout. Le dentiste de garde vous reçoit. Vous fait asseoir et vous prescrit une ordonnance. Comment ? Quoi ? Ben euh non, pas de charcutage, pas de douleur insoutenable. Haa ! Je vous reconnais bien là. Vous vouliez du sang et des larmes, du sadisme et de la souffrance. Et ben non ! Même pas. Pas que votre écriveuse soit devenue sobre, simplement qu’aux urgences dentaires, ils ne soignent pas les rages de dent… Nan, ils ne les soignent pas. En revanche, si vous souffrez de cellulite dentaire, là oui. Ils soignent l’obésité des dents. Bon en même temps, c’est moche la cellulite dentaire !

                Bref, suite aux urgences, vous trouvez la pharmacie de garde, prenez sur le champ, quitte à passer pour une grosse shootée, les médocs qui ne vous soulageront qu’une heure plus tard. Vous ne savez plus qui vous êtes, le regard hagard, il vous faut rentrer. Evidemment il n’y a plus de métro à cette heure de la nuit, vous êtes quitte pour un taxi. S’ensuit une nuit cauchemardesque, avec réveil toutes les deux heures pour prise de molécules plus ou moins efficaces. Au matin, vous appelez tous les dentistes de votre ville. Vous avez le choix entre un rendez-vous dans un mois, quinze jours ou trois mois… Euh… Aïe, aïe et reaïe. Quand votre libérateur vous annonce qu’il vous triturera plus ou moins le lendemain soir. Encore une journée à attendre. Dodo, bobo, dodo, bobo et ingestion plus ou moins régulière de gélules.

                Cette irrégularité vous sera fatale. Les douleurs augmentent au point que vous vous défenestreriez volontiers. Appel à SOS Médecins : « Désolée Madame, nous n’avons pas de médecin disponible dans le 92 ce soir. Vous devriez aller aux urgences dentaires. » Non madame, non, ça ne sert à rien, ils ne nous soignent pas. Appel au SAMU :
-          Nous ne pouvons pas venir, ce sont des urgences dentaires. Allez aux urgences dentaires.
-          Mais euh, j’y suis allée hier soir. Ils ne soignent pas. Je veux juste un calmant, un coup de massue, un peu de ciguë, ce que vous voulez. Mais pitié qu’on arrête ce supplice.
-          Nous ne pouvons pas, ce sont des urgences dentaires. Mais vous auriez pu aller aux urgences de jour à l’hôpital à côté de chez vous, ils sont spécialisés dans ce type de problème.
-          Comment ça ?
-          Ben ils ont du vous le dire à la Pitié.
-          Nan, ils ne l’ont pas dit. Pourquoi ils ne l’ont pas dit ?
-          Je ne sais pas mais il vous faudra attendre demain matin, nous ne pouvons pas intervenir. Ce sont des urgences dentaires.
Pourquoi est-ce que dans ce genre de situation, la personne au bout du fil répète toujours la même phrase ? hein, pourquoi ? 

Voilà, au final vous serez délivrée le mardi soir, épuisée. Alors la prochaine fois que vous serez atteinte d’une rage de dents, vous prévoyez les médocs adéquats, vous prenez rendez-vous trois mois avant, et surtout, surtout, ne dites pas que c’est une urgence dentaire !

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