05/12/2010

C'est moi ou mon banquier est en train de me prendre pour une conne ?


Cela fait quinze jours que vous êtes séparée. Vous émergez à peine, ramez tous les matins pour avoir un sourire de complaisance et digne d’une femme forte. Vous n’avez pour le moment qu’à vous soucier de vous, quand soudain … votre ex vous annonce qu’il faut séparer les comptes en banque. Quoi, que dit-il ? Une espèce de tourbillon noir s’approche de votre cerveau et vient parasiter la seule pensée du jour : ne pas pleurer. Les idées s’embrouillent ; vous avalez votre salive et reprenez en chœur avec votre cœur qui bat : « Séparer quoi ? Les compotes ? Ha les comptes ! Ha oui les comptes. » Pfiou grand dieu, mais c’est quoi ces contingences qui viennent bouleverser votre nouveau quotidien ? Bientôt on va vous dire qu’il faut refaire tous les papiers et prendre de nouvelles assurances. Ha ça aussi il faut le faire… Le nuage devient nuées infernales, plus rien de fonctionne, le vaisseau-mère perd de l’altitude et explose sur le sol en mille fracas irrécupérables. Bienvenue dans la réalité qui fait mal.
Je sais qu’avec ta bienveillance, petit lecteur, tu diras que ça peut au moins occuper l’esprit et permettre d’organiser un peu la vie de ton écriveuse. Oui sauf que ce genre de démarche ressemble plus en France à un parcours du combattant, un des douze travaux d’Astérix, vous rendant folle à la moindre occasion.
Alors certes il faut s’y atteler. Soit, le rendez-vous est pris avec le conseiller financier qui dès le départ semble légèrement perturbé. Sa transpiration inquiète en dit long sur le mauvais moment qu’il va falloir passer. Tout est prêt, les ex-conjoints sont d’accord sur tout. Il suffit juste de vous ouvrir un petit compte rien qu’à vous. OOOOH, un compte rien qu’à vous, comme avant, un truc que vous allez gérer seule … C’est chouette ! Le nuage s’éclaircit quand vous visualisez votre petit carnet de chèque à qui vous serez seule à rendre des comptes. Et la carte bancaire ? Yes ! elle pourra chauffer égoïstement, juste pour vous, vous, vous et vous seule. O joie indicible. Hélas, je t’entends déjà petit lecteur… Ne pas se réjouir trop vite. Vous le savez pourtant. Retranscription du drame qui s’est joué sous vos yeux :
-          Le banquier : « Bien nous allons donc ouvrir un compte pour Madame. J’indique donc votre nom d’épouse.
-          Vous : Non, mon nom de jeune fille …
-          Le banquier : Ha non vous n’êtes pas encore divorcée.
-          Vous et votre ex-conjoint : Mais ça ne change rien… Il est possible d’ouvrir un compte sous le nom de jeune fille.
-          Le banquier (que vous commencez à voir comme une victime potentielle de votre furie) : ha non, non, je ne peux pas faire ça.
-          Vous : Attendez… que je réfléchisse, notre compte joint portait le nom de mon époux et mon nom de jeune fille. Je ne vois pas pourquoi je devrais désormais, alors que je suis séparée, avoir un compte avec le nom de mon ex-mari.
-          Le banquier : Ha ce n’est pas encore votre ex-mari ! Je tiens à le préciser :
-          Vous : Mais il me cherche, il veut voir ce que ça fait une femme de 30 ans à peine séparée qui a une maîtrise toute relative de ses émotions, toute relative… (Non ça en fait, vous ne l’avez pas dit, mais fichtre vous auriez vraiment dû.)
Même votre ex-conjoint n’en revient pas. Vous vous dites presque par transmission de pensée, qu’il vaudrait mieux partir très vite, et aller dans une autre banque. Mais vous ne le faites pas.
-          Le banquier : Mais ne vous inquiétez pas ce ne sera pas compliqué de faire le changement rapidement. Bon mais vous êtes sûrs de vouloir divorcer ?
AAAAAAAAAAHHHHHHH ! Meurtre, massacre à la petite cuillère, castration violente à coup de talons aiguilles. Mais c’est quoi son problème ?
-          Le banquier : non parce que vous semblez vous entendre très bien !
Putain décroche vite ton sourire et essuie ta transpiration, mec, parce que tu ne sais pas encore ce que signifie souffrir physiquement, mais tu vas l’apprendre dans peu de temps.
Et là, face à cette tête à claques, vous lâchez prise, vous n’avez pas la force de lutter. Et vous acceptez. Sauf que votre gentil petit banquier a omis tous les changements en double que cela va impliquer pour vous, votre employeur, votre mutuelle, vos abonnements divers et variés, vos assurances, votre trésorerie, votre sécu (qui n’a d’ailleurs jamais enregistré votre changement de compte et a versé vos remboursements sur celui de votre ex-conjoint… pendant deux ans). Car, oui, il a fallu faire le premier changement avec le nouveau numéro de compte puis avec le nouveau changement de nom après le divorce. Que du bonheur. Et pas de prise de tête du tout.
Donc le seul conseil que ton écriveuse peut te donner petit lecteur, c’est de ne jamais laisser ton banquier parler avant toi. Tu lui donnes tous les éléments et il exécute. On se fout de savoir si c’est sympa ou pas. Ton intransigeance portera ses fruits et simplifiera ta vie.

Epilogue : quelques jours après cet épisode désagréable, Banquier-transpirant vous appelle :
-          Banquier : Bonjour Madame-je-persiste-à-vous-appeler-par-votre-nom-d’épouse, je pense qu’il serait judicieux de parler des sommes que vous avez de côté pour envisager un placement intéressant.
-          Vous : (et vous l’avez dit pour de vrai cette fois-ci, avec le ton d'une vraie Lady, digne de ce nom) Non je ne pense pas. Dans tous les cas pas avec vous puisque vous avez fait preuve d’une incompétence désespérante et lourde de conséquence. En vous souhaitant une bonne journée.
Fierté : Votre premier acte de résistance… Et il y en aura d’autres !

3 commentaires:

  1. Ah ces connards de banquiers... C'est international en plus comme exemple. Des débiles profonds, il y en a en Angleterre aussi (et pas forcément des mecs mais, dans mon exemple, une pétasse à frange, gros cul et très petite cervelle):

    - Bon on peut vous ouvrir un compte mais il faut nous donner 5000 livres tout de suite, une preuve d'adresse depuis trois mois, votre passeport et des factures depuis trois mois aussi.

    - Je viens juste d'arriver dans le pays, comment voulez vous que j'aie des factures?

    - C'est pour être sûr que vous allez payer et que vous recevez de l'argent.

    - Je suis étudiant, et je vous assure que je ne vais pas me barrer avant d'avoir mon diplôme.

    - Comme vous êtes étranger...

    (Français, vous connaissez, le pays que vous envahissez tous les étés)

    - ...et que l'on doit faire attention avec tous ces terroristes...

    (qui veulent tous faire une thèse d'histoire grecque et faire sauter Sheffield)

    - ... et puis vous êtes socialement exclu...

    (Bordel de merde, tu vas la fermer, connasse!!!)

    - ...on ne va pas pouvoir le faire.

    Ah, le dépit.

    RépondreSupprimer
  2. j'ai vécu de similaires "tracasseries" avec la CAF et la MGEN lors de mon divorce en 1996... avec le recul, ça reste de croustillants moments à raconter aux copains!!!

    merci pour tes chroniques, je me délecte à chaque fois!!!

    Betty

    RépondreSupprimer
  3. Putain, la petite tirade de la fin a du faire un bien fou à envoyer. Non mais !!

    RépondreSupprimer