01/03/2011

Reportez-vous sur la droite à gauche en revenant en arrière

Il ne s’appelle pas Double-Tom. Il ne parle plus parce que votre écriveuse lui a cloué le bec dans un moment de stress intense.
« Fini, tais-toi, non, t’essaie même pas de l’ouvrir. A présent, tu n’as le droit de t’exprimer que par dessins. Non parce qu’honnêtement, quand tu es entré dans ma vie, je pensais que tu allais être une source de soulagement. Quelle déception ! Allez va, je vais prendre mon autonomie, me détacher de tes conseils fluctuants et peu fiables. T’as rien compris à mon problème… Laisse béton, va. T’es qu’un naze !»
                Imaginez-vous pour la première fois sur le périphérique parisien. Ou mieux : tentant d’entrer sur cette voie de malheur. Là, vous avez bien évidemment branché votre GPS (ou le J’ai Pas Suivi…), parce que sans lui, vous n’envisagez même pas de prendre la voiture en région parisienne. Vous décidez donc,  comme on vous l’a conseillé au départ, de suivre à la lettre ses recommandations. Genre un peu comme les lapins crétins… http://www.youtube.com/watch?v=yYG6AiiJgfQ
                Donc, vous voilà à quelques mètres d’entrer sur le périph. Premières consignes : « Décalez-vous sur la gauche, puis à droite prenez la bretelle de sortie pour entrer sur la voie centrale. » Hein ? J’ai pas compris… Là vous avez le réflexe de vous adresser à l’appareil étrange et à sa voix d’homme de fer. « Tu peux répéter s’il te plait, non parce qu’en fait, là, il ne me reste que quelques mètres pour prendre une décision ; sachant que, vois-tu, il y a environ 15 milliards de personnes qui n’attendent qu’une chose, c’est que je me vautre, afin de mettre en route leurs avertisseurs sonores ! »
Oui bon, ce discours a été prononcé à une vitesse qui ne peut pas être retranscrite directement en signes traditionnels et dans un langage aussi châtié. Cela se rapprochait plus de : « Putain de ta race de bordel de chiotte de merde, enfoiré, t’as dit quoi ??? Raaahhh ». Bon ben vous avez pris une décision plus rapide que prévue et vous êtes finalement restée sur la voie sur laquelle vous étiez engagée. Sauf que ce n’était pas la bonne.
La voix métallique reprend : « Faites demi-tour… faites demi-tour… » Mais putain, c’est pas possible de faire demi-tour sur le périph. « A la prochaine sortie, faites demi-tour. » Vous avancez avec des battements de cœur qui frappent vos tempes. Vous roulez à peu près aussi vite qu’un escargot qui a fait une orgie de salade. Vous prenez enfin une sortie relativement dégagée, tout en subissant, les « Faites demi-tour, faites demi-tour ». Vous avez même la sensation désagréable que le ton commence à se faire légèrement menaçant. Vous attendez presque un «  Mais t’es trop conne ma pauvre fille, même pas capable d’écouter une consigne… »
Les panneaux défilent, et vous n’avez même pas le temps de les regarder. En même temps, entre périphérique extérieur, intérieur, sud, nord, est, ouest, qui tourne dans le sens des aiguilles d’une montre ou pas… Quand on débute, c’est pas simple. Le clignotant s’affole ; les pneus crissent à chaque changement de direction ; vous cherchez tant bien que mal à suivre des indications qui se complexifient de plus en plus : « Tournez à gauche en vous déportant de quelques centimètres sur la droite, en vous retournant dans la direction sud-sud-ouest ! Comment ça, vous n’y arrivez pas ? Espèce de nullité… ».
Les larmes coulent sans pouvoir les retenir. « Ne tournez pas à la prochaine sortie. Non pas encore à celle-ci, celle-là non plus, non non non. Ha dommage c’était celle-là. Même joueur joue encore ! Mouaaaahhhhh. » Mais pourquoi il ne dit pas comme dans la pub : « C’est parti mon kiki ! Enorme ! C’EST COOL ! J’aime ça ! Quelle grosse marrade ! » Non lui il a signé un pacte avec le diable. Juste histoire de vous pourrir la vie sur Terre.
Et soudain (vous ne savez pas par quelle opération du Saint-d’esprit) vous entendez une voix libératrice : « Vous êtes arrivée à destination. » Vous rouvrez les yeux. Ha oui tiens, c’est la bonne rue… Haha (rire nerveux), haha (encore), ha ben oui ! Vous ouvrez la porte et réalisez que vous n’avez plus de jambes, que vos neurones ont grillé et que vous ne savez plus respirer.
Vous rangez l’appareil maudit dans votre sac en vous jurant que la prochaine fois, vous vous endormirez avec un plan de Paris sur le crâne pour le mémoriser et que vous réutiliserez l’engin de malheur… sans sa voix.

6 commentaires:

  1. je me permets de faire un peu de réclame pour mon nouveau blog, photo, documentaire, scènes de rue... tout sur la Belgique
    http://whatisbelgium.blogspot.com

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  2. Ok, pas de soucis... En échange d'une diffusion de mon blog ! Les bons comptes font les bons amis !
    Je jette un œil tout de suite sur ton blog !

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  3. Oh Yes !!! ca m'a bien fait rire, c'est extra de se retrouver dans ta petite histoire de GPS. Surtout continue j'adooooooooooooooore A bientôt
    Bisous
    Géraldine

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  4. Franchement, c'est trop vrai !
    Bravo pour ce récit criant de vérité ! :D

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  5. On a tous vécu ça !
    Et franchement, une carte, c'est trop beau à regarder. On va pas les abandonner, non?
    Lol.

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  6. Ouaip ! C'est bien une carte, mais quand t'es tout seul sur le périph, cela peut représenter un danger certain. La carte est légère, se colle à ton visage quand tu as le malheur d'ouvrir la fenêtre, ce qui peut altérer légèrement ta capacité visuelle... Et les bandes d'arrêt d'urgence sur Paris sont dignes d'un film d'Hitchkock. T'as les yeux injectés de sang à l'idée qu'un automobiliste coquin et vicelard se mettent à faire comme dans les jeux vidéos...
    Alors oui à la carte, mais avec un co-pilote.

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