16/10/2010

O rage ô désespoir ...


Et pan ! le mot est enfin lâché. Enfin presque ! Vous n’avez pas droit à un simple « Je te quitte », mais à une réponse à une de vos énièmes tentatives pour savoir, enfin, quitte à en payer le prix fort : « Est-ce que tu me quittes ? » « Oui, je te quitte ». Notez que la tournure semble proche mais en réalité c’est tout à fait différent. Vous avez en effet tendu la perche pour la 20ème fois consécutive, comme vous l’avez d’ailleurs fait pour à peu près toutes les grandes questions concernant votre couple : « Est-ce que tu veux qu’on se marrie ? » ; « Oui je veux bien » ; « Est-ce que tu veux qu’on fasse un enfant ? » ; « Oui je veux bien ». Il y a là un symptôme à étudier dans chaque camp :

-          Camp n°1 : La ligue des Je-ne-te-laisse-pas-le-temps-de-proposer-par-toi-même-et-je-suis-toujours-incapable-de-te-donner-du-temps-pour-anticiper-une-décision.
-          Camp n°2 : la Ligue des oui-mais-enfin-bon-là-je-sais-pas-trop-enfin-tu-vois-faut-pas-me-mettre-trop-de-pression-non-plus-parce-que-là-ouhlàlà-ça-va-vite-d’un-coup.
Je suis convaincue que vous vous retrouvez dans une des deux Ligues. Maintenant que vous en êtes conscients, ben au boulot, faut changer ça…
Bien je reviens à nos moutons chers petits lecteurs.

Donc on vous quitte. Alors hop description de la scène façon movie star mélo-dramatique : le sol s’effondre sous vos pieds, tout tourne autour de vous, le cerveau entre en ébullition, un relent de dégoût vous prend à la gorge. Traduction médicale du phénomène : vous faites un malaise vagal. Alors hop ! Couchez-vous, mettez les jambes en l’air (profitez-en, ça ne va pas vous arriver de nouveau très rapidement… oui je sais c’est vaseux !).
Après cette émotion intense, vous voyez l’objet de toutes vos attentions prendre un grand sac déjà prêt (mais mince il a fait ça quand ?). Il vous regarde avec un brin de pitié et de franche mauvaise conscience, mais déterminé, et vous assène un superbe « Ca va aller ? ». Mais bien-sûr que ça va aller ! Qu’est-ce qu’il croit que je vais pleurer pendant des mois sur mon sort, que je vais me morfondre et ne rien assumer pendant des semaines ? Non mais oh, c’est dingue ça !
Bon vous extirpez de votre gorge un guttural et incertain « Oui ». Et vous rajoutez : « Si tu as encore besoin de quoi que ce soit, linge, repassage, etc., n’hésite pas. » Oui bon avec du recul, c’est immonde, ça vous colle une envie de vomir insupportable, vous vous mettriez des baffes rien que d’entendre ces paroles, crétines, insipides et d’une soumission insoutenable. Et même, vous vous dites presque que, sur le moment, ça a du franchement l’aider à prendre ses cliques et ses claques. 

Ok, vous auriez eu envie d’une foutue scène de tragédie antique, poignard près du cœur, trémolos dans la voix et sanglots longs, mais soyons réalistes. Ca fait plus d’un an qu’il a déjà l’esprit ailleurs et que vous le savez pertinemment. Alors hop ! on se réveille. Et on dit seulement deux ou trois inepties suffisamment mièvres pour réussir à faire bonne figure. Il part, il part, vous allez faire quoi ? Essayer de le retenir ? … Oui on est d’accord, c’est inutile.
La porte se ferme, votre nouvelle vie commence.

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